Le défi climatique
et l’évolution des modes de vie
Qu’est ce que le défi climatique sinon un défi pour nos civilisations, pour les modes de développement des sociétés dans leur diversité, les activités économiques qu’elles soutiennent…? C’est donc un défi pour les modes de vie individuels, qui évoluent, et évolueront de manière inexorable, vers d’avantage de sobriété. Alimentation, logement, mobilité, santé, communication, travail, formation… L’ensemble des domaines structurants de nos modes de vie sont concernés.
Le défi climatique motive des évolutions des modes modes de vie. Mais ce n’est pas le seul facteur d’une évolution multi-facettes : les évolutions technologiques, NTIC, sciences cognitives et du vivant, avènement de la bio-économie sont en train de révolutionner l’organisation sociale et économique ; la mondialisation bouleverse les références culturelles. La pluralité des facteurs d’évolution des modes de vie ouvrent une pluralité des possibles : nos modes de vie sont hétéroclites et ils le seront d’autant plus en 2050.
Pour autant, il n’y a jamais eu de transcription claire de ce que pourrait être une vie réussie dans un monde qui relèverait le défi climatique. Or, la projection de chacun dans une vie réussie est la condition essentielle d’une transition écologique et sociale acceptée et non subie. Les citoyens sont à ce titre en demande de propositions concrètes, vivantes, palpables… La réussite de la lutte contre le changement climatique ne peut résulter de seuls progrès technologiques et de changements de sources d’énergie, elle nécessite de profonds changements organisationnels et de comportements individuels. Cela pose régulièrement la question de l’acceptabilité sociale de la transition. A quelle condition accepte-t-on les changements ?
La réflexion sur la mise en œuvre d’un développement sobre en carbone, et l’élaboration des politiques, à toutes les échelles, de l’international au local, doit prendre en compte l’évolution des modes de vie et les aspirations citoyennes, les capacités d’action tant individuelles que collectives. La capacité pour chacun de se projeter dans une vie réussie, répondant à la fois ses motivations mais également aux exigences de durabilité est la condition d’une transition écologique, sociale et citoyenne.
L’hypothèse fondamentale qui oriente Our Life 21 est que nos modes de vie pourront être, en 2050, durables et désirables. Nous pouvons intégrer le respect de nouvelles contraintes et règles dès lors qu’elles s’inscrivent dans un nouveau contrat social équitable.
La solidarité est en effet maintenant devenue obligatoire -pour la première fois dans l’histoire de l’humanité- entre pays. Elle découle de l’indispensable gestion collective du climat et de l’environnement de la planète terre. Il s’agit là d’ailleurs d’une obligation de solidarité qui ne cesse de s’étendre à de nombreux domaines : la protection de la biodiversité, de l’accès à l’eau et à l’alimentation, de la gestion des ressources énergétiques et minérales, de la généralisation d’une protection sociale . On touche au cœur de la spécificité du changement profond de civilisation qui constitue l’essence de ce siècle. Cette solidarité devra aussi se jouer entre générations.
Cette hypothèse s’oppose à une vision de la lutte contre le changement climatique synonyme uniquement que de contraintes, et donc d’efforts à répartir sans contrepartie. Loin d’être évacuées, les contraintes constituent un postulat de départ, et nous serons particulièrement attentifs aux données scientifiques (notamment provenant du GIEC). Mais ces contraintes sont replacées dans un système plus large, afin d’y trouver un sens, pour la société, pour les individus. C’est pourquoi nous replaçons in fine les modes de vie au cœur du débat.